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Milena Salvini, 
Fondatrice

Inauguration de la place  MILENA SALVINI

22  juin 2023

Hommage à MILENA SALVINI

- 2 février 2022-

Paroisse sainte Anne, Paris 13è

Texte écrit et lu par Eliane Béranger

Merci à tous d’être ainsi rassemblés pour célébrer Milena Salvini, en route vers l’accomplissement de son destin. Chacun d’entre nous sait quel lien unique et intime nous relie avec elle. 

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Depuis près d’un demi-siècle j’accompagne Milena dans les multiples aspects de son travail artistique et culturel. Une amitié construite au fil de tant d’aventures partagées.

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Nous connaissons tous ici ce qui est l’œuvre maîtresse de sa vie, le Mandapa.

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Nous connaissons moins bien sa « vie antérieure », celle où jeune musicienne (prix de piano et prix de composition et contrepoint au Conservatoire supérieur de Paris), elle compose ou orchestre des travaux divers. Elle grave de la musique pour les Editions Heugel. Ou bien chorégraphe-animatrice, elle fait danser les Fééries des Eaux, pour le cinéma Grand Rex, pendant une dizaine d’années.

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Cette période est aussi celle où Danseuse classique et contemporaine, Milena Salvini danse et chorégraphie autour des sculptures sonores du plasticien-compositeur Nicolas Schöeffer.

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Elève des Decroux, elle en a gardé une vraie passion pour l’art du Mime.

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Curieuse du monde du théâtre et des théâtres du monde, elle participe à L’Université Internationale du Théâtre des Nations.

La complémentarité de ses talents lui permet d’obtenir une bourse du gouvernement indien pour aller étudier en Inde. C’est à l’académie fondée par Rabindranath Tagore au Bengale, qu’elle découvre l’art du Kathakali, avant d’aller l’étudier en plusieurs séjours au Kalamandam, au Kerala. Il deviendra l’axe principal de toute son œuvre.

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L’UNESCO lui confie la première bourse qu’il accorde pour des recherches musique et danse, puis plusieurs missions de consultante pour observer les arts dansés dans diverses régions du Sud-Est asiatique. Le rapport écrit qu’elle en a fait demeure dans la documentation de référence de l’Unesco.

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Dès 1967, avec l’appui du Théâtre des Nations et de Jean Louis Barrault, Milena Salvini organise la première tournée hors de l’Inde d’une troupe de Kathakali. Première femme européenne formée à cette discipline, elle donne des cours et des spectacles-didactiques, c’est le début de la création d’un public. 

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En 1971, Milena Salvini crée une association ARAT, Association de Recherche et Archéologie Théâtrale. Avec l’appui des Jeunesses Musicales de France et du Festival d’Automne, elle organise en 71 et 72 des tournées pour faire découvrir le Bharata Natyam (M.K. Saroja) et l’Odissi (Sanjukta Panigrahi) ; en 72 aussi avec le Théâtre des Nations, pour un art dansé acrobatique, le Chhau (région du sud Bengale).

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L’ARAT est la préfiguration de ce que sera le chemin du Mandapa : faire découvrir des arts de la scène toujours vivaces et les faire reconnaître comme partie prenante d’une culture mondiale contemporaine. Les faire approcher par le spectacle, mais aussi par la pratique corporelle.

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Pour aller plus loin, il fallait un lieu permanent où pourraient être proposés très régulièrement représentations et enseignements.

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La rencontre, en 1974, de son époux Roger Filipuzzi sera déterminante ; c’est ensemble qu’ils mèneront à bien leur immense et multiple projet.

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Le Mandapa ouvre ses portes en septembre 1975. 

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Dès lors, les tournées et événements seront organisés et produits sous la seule responsabilité du Mandapa, avec des aides financières institutionnelles et l’appui des structures qui accueilleront les représentations.

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Dès 78, une tournée de Kathakali de cinq mois, avec pour la première fois des programmes traditionnels durant toute une nuit. 5 autres tournées, plus courtes suivront. Pour le Kathakali Milena a produit et codirigé des films, écrit deux ouvrages, et de multiples articles dans des revues de recherche théâtrale.

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L’art du Kuttyattam sort pour la première fois des temples du Kerala en 81, grâce au respect et à la confiance qu’ont les artistes en Milena. Il y en aura 7 autres. Le rôle du Mandapa a été déterminant dans le processus qui a mené en 2001 à l’inscription de cet art comme élément du Patrimoine culturel immatériel mondial auprès de l’Unesco.

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L’art martial du Kalaripayatt est invité en 82 et 85, les tournées suivantes seront organisées par une association amie… une des ambitions de Milena se réalisait : faire des émules pour élargir la proposition artistique.

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L’art théâtral populaire du Thullal, vient à Paris pour quelques jours en 83 ; Milena réussira à le faire programmer par le Festival de musiques traditionnelles de Ris Orangis !

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Milena et Roger réussiront un exploit en 85 : organiser et produire les « 24 heures du Raga »… l’enregistrement n’en sera finalisé pour un coffret qu’en 2018, sur un financement personnel de Milena.  Deux autres concerts pourront être organisés, en 2000 et 2002, avec l’appui du Théâtre du Soleil.

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Les découvertes n’étaient pas le seul but de Milena. Il fallait faire revenir les styles artistiques, mais aussi accueillir différents interprètes d’un même art. Depuis plus de 30 ans, la programmation annuelle régulière sur plusieurs semaines de Contes et Traditions orales en est un exemple significatif.

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Les cours et spectacles donnés dans les murs du Mandapa ou ailleurs par les pionnières ont préparé les générations suivantes dont certains sont allés étudier en Inde pour transmettre à leur tour. Les autres deviennent des spectateurs éclairés…

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Pour fêter les « 10 ans », Milena a lancé une programmation de danse contemporaine « Solos sans Frontières » où se découvrait une jeune création en danse fondée sur l’interculturel ; ce fut pour certains un tremplin de carrière, pour tous une étape qui les faisait sortir de l’anonymat.

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La grande diversité des propositions initiées par Milena Salvini, ne doit pas cacher un autre aspect de ses choix : les fil-s de la fidélité.  Bien après son séjour à l’Université créée par Tagore, Milena saura coordonner les éléments indiens et parisiens pour faire donner son nom à une rue et faire placer un buste sculpté par un artiste indien dans un parc du 13è arrondissement, en 1992.

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Milena a co-dirigé le processus qui a conduit à faire inscrire en 2017 l’école française du Mime à l’Inventaire de l’Héritage Immatériel du Patrimoine Français.

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En 2020, Milena a pu faire inscrire à ce même Inventaire le Système de Notation du Mouvement, de Pierre Conté, auquel elle avait été formée avant son premier voyage en Inde.

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Une vie débordante, un travail aussi acharné qu’ininterrompu, si intense que Milena Salvini en négligeait presque de faire savoir les récompenses et distinctions reçues. Le moment est venu de les dire

de la part de l’Inde :  

  • l’Etat du Kerala lui a accordé en 2004, le MUKUNDAN RAJA Award

  •  le ministère indien de la culture en 2015, ALUMNI Award, comme ancienne boursière ayant su faire fructifier les acquis…

  • enfin Milena a reçu en 2019 la très haute distinction de PADMASHRI Award 

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de la part de la France :

  • Titre de Chevalier des Arts et Lettres en 1985

  • Médaille de la Ville de Paris en 2017

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Milena Salvini,

Milena, comme elle préférait se faire appeler, en toute humilité.

Son travail terrestre s’achève, elle va rejoindre son cher Roger …

Milena laisse des chemins ouverts qu’il nous appartient de poursuivre….

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Remerciements à la Médiathèque Hector Berlioz

et au Conservatoire de Paris pour leur aimable autorisation.

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